Will Still : « Créer un nouveau groupe, une nouvelle dynamique »

Après un mercato d’hiver très mouvementé, qui a débordé avec le départ ces derniers jours de Przemyslaw Frankowski à Galatasaray, c’est définitivement un nouveau chapitre qui s’ouvre pour le RC Lens, en pleine saison. Avant la réception de Strasbourg dimanche, Will Still ne veut pas s’appesantir sur la fuite des cadres subie par son groupe et plutôt regarder vers l’avant, avec son vestiaire renouvelé.

Lensois.com : Will Still, vous avez finalement perdu Przemyslaw Frankowski. Comment le vivez-vous en tant qu’entraîneur ?
J’ai communiqué après Nice qu’il n’allait pas partir car c’était la position du club à l’instant T. Puis le lendemain, on m’a annoncé la décision de le vendre car la somme correspondait aux attentes et Frankie avait envie de partir. C’est toujours embêtant de perdre de bons joueurs. N’importe quel entraîneur au monde vous dira que ce n’est jamais l’idéal. On savait qu’il y avait une nécessité pour le club, mais je n’ai plus envie de parler des noms qui sont partis. J’ai juste envie de me concentrer sur les joueurs qui sont dans le vestiaire et sur Strasbourg ainsi que les 12 matches qui resteront à jouer ensuite. Le reste, je ne le contrôle pas et je n’ai pas envie de le contrôler. Après la défaite à Nice, il est surtout question de revenir à nos valeurs. Le mercato d’hiver, on dit souvent qu’il sert d’ajustement mais là, ça ressemblait plus à un mercato d’été. Il y a une nouvelle page, un nouveau chapitre à écrire et un nouvel équilibre à trouver. La donnée a changé mais je vais me concentrer sur la suite. Il y a des matches à gagner. Tant qu’on arrive à créer un nouveau groupe, une nouvelle dynamique, c’est le plus important. Il faut s’unir tous ensemble, avec les supporters. Jouer à domicile avec un tel 12e homme, ça fait une différence folle. On va charbonner et se montrer pragmatiques. On ne pourra pas faire les choses exactement de la même manière, mais on va bosser et représenter l’identité du club.

Avec le recul, comment analysez-vous la défaite à Nice ?
À froid, il y a un tas de facteurs qui entrent en ligne de compte mais surtout, on n’a pas été bons. C’est notre plus mauvais match de la saison. On ne s’est pas reconnus. On est sortis presser dans des zones où il n’y avait pas forcément besoin de le faire. Il y a eu trop de déchet technique et on a fait des choix qui n’étaient pas prévus. On n’a pas été bons, le staff non plus, moi non plus. C’était un jour sans sur un plan collectif. Ça arrive mais on s’est mis d’accord sur le fait que dans l’état d’esprit, ça ne se passera plus.

Le départ de Frankowski peut-il expliquer ce coup de moins bien à Nice ?
Rien que sur un plan humain, il est logique que ça déstabilise un groupe. Il avait une personnalité, une place importante dans l’équipe et le vestiaire. C’était inattendu, donc je comprends l’aspect humain et la difficulté à passer à autre chose. Je gère ça de façon pragmatique. Ça fait partie du football, les meilleurs joueurs partent dans les grands clubs. Si je perds mon énergie à vouloir essayer de contrôler, à être émotionnel sur ce sujet-là, je ne m’en sortirai pas et je n’ai pas envie de le faire non plus. Il y a de super bonnes personnes dans le vestiaire aujourd’hui que j’ai envie d’aider. Tous ensemble, on va essayer de recréer une aventure humaine sur la suite de la saison et essayer d’enchaîner une série, de créer un nouvel élan. Ce n’est pas la même chose, certes, mais je n’ai plus envie de perdre mon énergie à parler de mecs qui ne sont plus là. Ils ont fait des choses exceptionnelles tous ensemble, remarquables sur le plan européen. J’aurais adoré continuer l’histoire, mais la réalité est financière et humaine. Il y a un nouveau plan qui se met en place et je pense que ces décisions prises au sein du club l’ont été dans son intérêt sur le long terme. Quand tu es entraîneur, tu es jugé sur le court terme alors que je n’ai pas d’autre choix que de me concentrer dessus. Je dois faire progresser le vestiaire. Il faut s’armer de patience car ce sont des joueurs jeunes, mais l’objectif initial était de gagner des matches et je vais faire le maximum pour ça.

« Il y avait une réalité financière, une « situation club » importante et qu’on devait respecter »

Avez-vous le sentiment que les joueurs commencent à peut-être moins croire au projet en voyant des coéquipiers partir ?
Comme je l’ai dit, on n’a jamais envie de voir partir nos meilleurs joueurs. Ce sont des cadres importants de l’équipe, qui ont apporté beaucoup de choses au club. On m’a expliqué qu’il y avait une réalité financière, une « situation club » importante et qu’on devait respecter. Il y a eu de la frustration chez les joueurs mais c’est surtout que ça tourne une page sur de très belles années au club. Il y a eu une épopée européenne, un vrai succès collectif et ces mecs-là voient partir une part de leur quotidien. Maintenant, je pense qu’il ne faut pas s’attarder sur notre sort, ne pas chercher à se victimiser. On a une nouvelle mission, une nouvelle page à écrire. Cela ne sera pas pareil, ça ne sera pas avec les mêmes mecs, mais ça ne va pas nous empêcher d’essayer de gagner dimanche, ou à Nantes la semaine d’après. On va essayer d’être positifs dans tout ce qu’on fait et essayer de prendre un maximum de points.

Que vous avait-on dit avant le mercato d’hiver ? Que n’importe quel joueur pouvait partir en cas de bonne offre ?
Il n’y a certainement pas le fait que tous les joueurs peuvent partir. Mais à partir du moment où, à l’image de Brice (Samba), quand les joueurs viennent te dire qu’ils n’ont plus envie de jouer au club… C’est ce qui est un peu dommage dans le monde du football aujourd’hui, c’est qu’en tant que club et en tant qu’entraîneur, tu n’as plus beaucoup de leviers à utiliser pour changer ça. Et puis quand l’offre financière est aussi importante pour des mecs de leur âge, de la part du club, il y a une certaine logique. Je le dis, ce n’est jamais idéal de perdre ces joueurs-là, mais c’est totalement hors de mon contrôle. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec ça, je n’ai pas envie d’être négatif. C’est un fait, je ne le contrôle pas. Mais il y a une logique côté club, il y a une continuité de ce qu’ils veulent faire. Et je le dis, ils ne regardent pas sur le court terme. Le projet était sur le long terme. Des choses ont été beaucoup plus vite que prévu, ça oui. Mais il faut que je le respecte. Je le respecte, et je continue à me concentrer sur ce que je peux.

Vous dites-vous que 33 points à ce stade avec autant de remous, c’est un bon bilan ?
Je trouve ça positif en sachant tous les « va-et-vient », les hauts et bas qu’on a connus. Ce n’est pas parfait mais on a battu les équipes qu’on devait battre et on a été compétitifs face à des équipes supérieures à nous. On a été 6es avec cet effectif-là. Il faut repartir sur une nouvelle page, écrire de belles lignes sans faire de faute d’orthographe. On n’a pas envie de gâcher ces 33 points et on va se concentrer sur ce qu’on peut contrôler.